Nouveaux revêtements électroactifs pour inhiber l’adhésion du biofilm marin sur des structures immergées en mer
Le milieu marin est l’un des milieux environnants les plus agressifs. Les matériaux exposés subissent d’une part l’effet corrosif de l’eau de mer et d’autre part la colonisation par toute sorte d’organismes vivants microscopiques et macroscopiques. Cette colonisation, connue sous le nom de salissures marines, peut être à l’origine de lourdes conséquences, telles que la surconsommation de carburant pour les navires, l’obligation de carénage pour le nettoyage des coques et l’affaiblissement des signaux de sonars. Pour les instruments de mesure type capteurs, l’adhésion de tels organismes marins entraîne une dérive des relevés. De même, pour les conduites d’eau et systèmes de filtration, une augmentation des pertes de charge est constatée nécessitant une intervention (traitement au chlore, injection de biocides,…).
Face à toutes ces altérations, différents moyens ont été mis en œuvre pour protéger les surfaces immergées tels que l’utilisation de revêtements toxiques pour les carènes de bateau. Depuis les années 60, les peintures organostanniques auto-polissantes ont connu un succès international de par leur efficacité en modes statique et dynamique, et de par leur durée minimale d’action estimée à 5 ans. Possédant un large spectre d’activité, ces composés organostanniques se sont révélés très efficaces mais toxiques vis-à-vis d’organismes marins non visés.
L’interdiction complète des produits à base d’étain dès le 1er janvier 2008 soulève la question des peintures alternatives proposées actuellement sur le marché et qui contiennent des substances actives (biocides) sujettes au règlement biocides N°528/2012. Ces nouvelles contraintes imposent une totale remise en cause des produits existants, de leur utilisation et de leur gestion en fin de vie.
Le but de ce projet est de développer de nouveaux revêtements combinant des propriétés auto-polissantes et anti-salissures, sans relargage d’espèces chimiques toxiques dans l’environnement. Ainsi les nouveaux revêtements associeront des micro(nano)-domaines hydrocarbonés et électroactifs.
Les objectifs de ce projet sont d’une part la synthèse de nouveaux copolymères à bloc acryliques et d’autre part le contrôle de leurs architectures.Leur auto-assemblage mènera à des surfaces structurées qui diminueront l’adhésion des organismes marins. En plus de cet effet de surface attendu, le changement réversible et graduel de l’état d’oxydation des micro(nano)-domaines électroactifs contribuera à ralentir l’encrassement. En dernière extrémité, l’application d’un fort potentiel conduira à l’élimination du biofilm et à son décrochement. Les domaines électroactifs auront dans ce cas un rôle de biocide mais sans relargage de ce dernier contrairement aux biocides organiques utilisés actuellement. En d’autres termes, les micro(nano)-domaines électroactifs pourront jouer le rôle de biocide renouvelable.
Ce projet est interdisciplinaire avec pour objectif de découvrir de nouveaux revêtements anti-salissures efficaces sur de longues périodes, en limitant les composés organiques volatils, et sans relargage de biocides. Au sein du consortium, la complémentarité scientifique des partenaires est un atout majeur pour la réussite de ce projet.